Toulon 1935-1944 (et plus)
Toulon change !
Mais il ne sera question ici ni d'avenir, ni de présent.
Simplement question de rendre publics les souvenirs de mon père. Il a toujours été attaché à sa ville. Il y est né. Son père aussi. Moi aussi, accessoirement.
Il y a vécu de 1926 à 1964. Jusqu'en 1996, année de son évanouissement dans un autre monde, ce fut Six-Fours.
Les débuts de sa vie active se déroulèrent dans la menuiserie, évoquée dans l'un des textes. Puis commença la période Chantier. Chantiers de la Seyne bien sûr, FCM devenus CNIM, devenus néant (d'un point de vue naval)...
Son père, mon grand-père, travaillait à l'Arsenal. Son loisir, partir pêcher à bord de son pointu, lequel à son amarrage du Canal de la Douane périt dans l'un des bombardements. Sa mère, ma grand-mère, travailla dans plusieurs magasins de chaussures, dont Le Chat Noir, rue d'Alger.
Ces textes, je les ai retrouvés, à l'état de brouillons. Mon père, Gabriel, aurait aimé les publier, ainsi que d'autres jamais écrits, ou perdus. Il avait en effet, en 1985, édité «1880-1980 Un siècle de transports en commun dans l'agglomération toulonnaise» où il détaillait lignes et matériels relatifs à Toulon et ses alentours.
Ces brouillons je les ai menés à l'état de textes achevés : vérifiés quant à certains détails, quelquefois complétés tout en restant au plus proche de l'intention de l'auteur. Souvenirs, témoignages, ce ne sont pas les premiers sur cette période de Toulon. Mais chaque regard sur une même période mérite, selon moi, intérêt.
En harmonie avec cela, j'ai privilégié les photos prises par mon père et des illustrations issues de sa collection personnelle.
On y retrouve, grosso-modo, Toulon dans l'immédiat avant-guerre, et dans la guerre jusqu'à la Libération. Pour moi, né une douzaine d'années après ces évènements, je n'y avais vu de tangibles que les inscriptions abri qui demeuraient sur les encadrements de certaines portes et les impacts de projectiles sur la façade du musée-bibliothèque. L'aspect horrible des bombardements m'était inconnu. J'en ai perçu toute la dimension au travers des textes de mon père concernant les deux premiers bombardements alliés. Bien sûr, j'avais vu à maintes reprises les photos de ruines qu'il avait réalisées, mais de ces vues, l'aspect humain était absent... Des textes à lire pour certains avec un, voire même plusieurs plans de différentes époques sous les yeux, pour d'autres en visualisant leurs propres souvenirs.
Place à l'auteur, Gabriel Bonnafoux.