Le 11 décembre 1946, Monsieur Louis Madeline architecte en chef du Var chargé de Toulon ,présentait son plan pour la reconstruction de la cité.
Le plan était ambitieux mais toutefois, logique. Il prévoyait la traversée de la ville au moyen d'une voie large de 35 mètres. Cette voie devait partir de l'ouest, Castigneau, suivre la rue de la Corderie jusqu'à la place d'Armes et la rue Anatole France. Là, elle devait poursuivre au travers de la basse ville en empruntant la rue du Canon (Pierre Semard), passer au sud de l'église Saint-Louis, traverser la rue d'Alger et rejoindre le cours Lafayette en passant sur l'emplacement de la rue Saint Andrieu. Le Cours franchi, elle devait s'infléchir au nord-est pour passer entre la Porte d'Italie et le stade Mayol et rejoindre enfin le futur tracé de l'autoroute est.
Ce projet aurait complètement modifié la configuration de la ville. Il aurait entraîné d'importantes démolitions à une époque où les sinistrés cherchaient à se reloger et où les réfugiés commençaient à revenir. Il semblait donc inconcevable de sacrifier des immeubles encore habitables.
Ce plan fut rejeté, pour son coût, sa durée de réalisation, son articulation avec le bâti existant. Les responsables de la ville et le ministère de la reconstruction et de l'urbanisme prirent en considération le projet présenté par Jean de Mailly, Grand Prix de Rome, co-architecte entre autres du Palais du C.N.I.T à Paris.
Ce plan, comme celui de Madeline, envisageait une voie transversale ouest-est jusqu'à la place d'Armes. Là, elle obliquerait vers le sud pour passer face à la porte de l'Arsenal principal pour ensuite emprunter la rue de la République jusqu'au Port Marchand. Cette rue, large de 8 mètres, deviendrait une artère de 20 mètres.
Ce plan nécessitait la démolition des immeubles sis entre cette rue et le plan d'eau de la Darse Vieille. Les autres bâtiments seraient réhabilités ou démolis, selon leur état. Ce projet permettait une planification plus souple pour les futurs travaux et l'attribution de crédits pour la reconstruction.
C'est à de Jean de Mailly que les Toulonnais doivent les 500 mètres de la Frontale du Port dont les travaux commencèrent en 1950.